EN BREF
Dans une époque où la mondialisation tend à uniformiser les cultures et où l’influence occidentale se fait de plus en plus prédominante, la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel devient une urgence. Mais que sont exactement ces trésors vivants que l’UNESCO et de nombreux États, tels que le Burkina Faso, s’efforcent de préserver ? Inspiré des traditions japonaises qui, dès l’après-guerre, avaient désigné des individus comme « Trésors nationaux vivants », le concept s’est étendu à l’échelle mondiale via la Convention de l’UNESCO adoptée en 2003. Ces Trésors humains vivants sont, pour ainsi dire, des bibliothèques ambulantes. Ils incarnent des compétences, des savoir-faire et des pratiques essentielles à la pérennité des richesses culturelles d’un peuple. Le défi réside non seulement dans leur identification et leur reconnaissance, mais aussi dans la transmission de ces savoirs précieux aux générations futures. En 2023, alors que de nombreux pays rejoignent ce mouvement, l’enjeu est de dépasser les faiblesses structurelles pour garantir la continuité de ces éléments aussi fragiles qu’inestimables.
Les fondements des trésors humains vivants
Le concept de trésors humains vivants trouve ses origines dans l’idée de préserver et de valoriser les savoirs, savoir-faire et pratiques culturelles transmis au sein des communautés. À l’origine, c’est le Japon, soucieux de protéger ses traditions et connaissances ancestrales après la Seconde Guerre mondiale, qui a lancé l’initiative. Le pays a décidé de désigner des individus possédant des compétences exceptionnelles dans des domaines culturels spécifiques comme « Trésors nationaux vivants ». Ces personnes deviennent alors les garantes de la pérennisation du patrimoine immatériel, responsabilité qu’elles partagent avec leurs communautés.
L’idée a ensuite été reprise par de nombreux pays, inspirée en partie par l’Unesco, qui a développé en 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. L’objectif principal de cette convention est de reconnaître les éléments du patrimoine immatériel non seulement à l’échelle internationale, mais également à l’échelle nationale. Cela ne peut se faire qu’à travers un processus inclusif et participatif où chaque communauté reconnaît et valorise ses propres richesses culturelles.
Cette démarche résulte d’un profond respect pour les communautés et les individus qui incarnent ces pratiques culturelles. Le Burkina Faso, par exemple, a pris des mesures significatives pour mettre en place un système de Trésors humains vivants, s’imprégnant des recommandations de l’Unesco, et mettant en lumière l’importance des savoirs locaux. Le pays cherche à identifier, inventorier et encourager la transmission de ses propres traditions, contribuant ainsi à renforcer son identité culturelle.
Les défis de la sauvegarde du patrimoine immatériel
La préservation du patrimoine culturel immatériel représente un défi majeur à bien des égards. Les faiblesses et insuffisances observées dans de nombreux pays, notamment en Afrique, se traduisent par un manque d’initiatives et de structures pour protéger efficacement ce patrimoine. En effet, plusieurs éléments menacent sa survie, à commencer par la pression culturelle et l’influence croissante de la culture occidentale. Cela entraîne malheureusement un rejet, voire un abandon, de nombreuses pratiques culturelles traditionnelles.
Par ailleurs, la disparition progressive des détenteurs de traditions pose un problème supplémentaire. Ces personnes, souvent âgées, sont considérées comme des bibliothèques vivantes détenant un savoir précieux. Leur perte équivaut à une amputation significative du patrimoine immatériel d’un pays. C’est dans ce contexte que la mise en place d’un système de Trésors humains vivants devient cruciale. Elle permet de reconnaître et de valoriser ces dépositaires de savoirs, tout en considérant la nécessité de transmettre leurs compétences aux jeunes générations.
Un des principaux défis réside dans l’identification et l’inventaire des pratiques culturelles pertinentes. Il faut également développer un cadre institutionnel et financier suffisamment robuste pour soutenir ces initiatives. Les politiques doivent encourager la participation active des communautés pauvres et marginalisées au processus de sauvegarde et promouvoir la diversité culturelle.
Les critères et processus de sélection
Mettre en place un système de trésors humains vivants nécessite l’élaboration de critères clairs et rigoureux pour identifier les individus ou groupes dignes de cette reconnaissance. Il s’agit de personnes qui incarnent au plus haut point les compétences nécessaires à la mise en œuvre de certains aspects de la vie culturelle d’un peuple et à la pérennité de son patrimoine. Cette identification repose souvent sur des critères comme la maîtrise technique, la contribution à l’innovation et la capacité à transmettre ces compétences aux générations futures.
Les systèmes mis en place par différents pays, comme le Japon ou la Corée, servent souvent de modèles. Au Japon, par exemple, les Trésors nationaux vivants sont choisis à la suite d’une évaluation rigoureuse par des experts culturels et des représentants gouvernementaux. Ce processus implique une documentation et une présentation claire du savoir-faire du candidat, accompagnées de preuves de sa contribution significative à la culture.
Une fois un individu ou un groupe sélectionné, différentes formes de soutien peuvent leur être octroyées : aides financières, mise en réseau, et/ou programmes d’enseignement. De cette manière, l’initiative contribue à la pérennisation du patrimoine immatériel en offrant un soutien et une reconnaissance forte aux personnes qui détiennent et maintiennent ces savoirs en vie.
Impact des trésors vivants sur le développement local
L’inscription sur la liste des trésors humains vivants a des répercussions importantes sur les communautés et les territoires concernés. Elle permet non seulement de préserver des pratiques culturelles menacées, mais elle représente aussi un levier formidable de développement économique et social. En France, l’inscription de pratiques comme la tapisserie d’Aubusson sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco a eu pour conséquence de revitaliser la région de la Creuse. Non seulement elle a permis de maintenir des ateliers en activité, mais elle a également entraîné la réouverture de formations de lissiers.
Les acteurs locaux, y compris les autorités municipales et régionales, sont souvent mobilisés pour maximiser l’impact de ces reconnaissances. Le fait de voir une pratique culturelle reconnue au niveau international par l’Unesco renforce le sentiment de fierté et d’appartenance des membres de la communauté tout en encourageant le tourisme et d’autres formes d’activités économiques.
Le Burkina Faso, en mettant en place son propre système de Trésors humains vivants, espère non seulement sauvegarder son riche patrimoine immatériel, mais aussi créer des opportunités pour le développement local. Le soutien apporté à ces individus et à ces pratiques porte des fruits en ravivant les dynamiques culturelles et économiques des territoires.
La coopération internationale et l’Unesco
La protection et la promotion du patrimoine culturel immatériel ne peuvent être réalisées sans une collaboration internationale conséquente. L’Unesco joue ici un rôle fondamental en tant qu’organisme de coordination. Depuis l’adoption de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en 2003, suivie par 181 pays, l’Unesco a encouragé une approche collaborative et inclusive, incitant les États membres à s’engager véritablement dans la sauvegarde de leur patrimoine immatériel.
L’initiative de l’Unesco inclut non seulement des recommandations et des lignes directrices, mais également une assistance technique et financière pour les pays nécessitant un appui pour développer leurs politiques culturelles. Ce cadre permet aussi d’élaborer des projets transnationaux et régionaux qui mettent en valeur des pratiques culturelles partagées tout en encourageant le dialogue interculturel.
La reconnaissance donnée par l’Unesco aux trésors humains vivants est un facteur essentiel qui motive et soutient les efforts nationaux et locaux en matière de préservation culturelle. Ce soutien renforce l’idée que la diversité culturelle est une richesse mondiale qu’il convient de préserver et de promouvoir activement à tous les niveaux.
Conclusion : Que sont les trésors vivants ?
Les trésors vivants constituent un élément essentiel pour la sauvegarde de notre patrimoine culturel immatériel. En mettant en avant des individus détenteurs de savoirs, de pratiques et de techniques culturelles uniques, ce système permet de préserver les aspects vivants et évolutifs de notre héritage culturel. Ces « bibliothèques vivantes » incarnent l’âme de notre patrimoine et garantissent sa pérennisation en assurant sa transmission aux générations futures.
La mise en place de ce système offre de nombreuses opportunités. Elle renforce non seulement l’identité culturelle des communautés mais contribue également à leur développement social et économique. En reconnaissant officiellement la valeur des compétences et des savoir-faire ancestraux, les pays permettent de raviver l’intérêt pour des traditions qui pourraient sinon disparaître avec le temps. Ces initiatives encouragent également les jeunes à s’engager dans l’apprentissage de ces traditions, assurant ainsi leur continuité et leur renaissance.
Sur le plan international, le concept des trésors vivants, tel qu’encouragé par l’ UNESCO, a favorisé une reconnaissance globale du patrimoine immatériel et a encouragé les échanges culturels entre les nations. Cette reconnaissance a des retombées positives, stimulant la fierté collective des populations et redynamisant les territoires concernés. C’est grâce à ces actions concertées que le patrimoine immatériel peut non seulement survivre mais évoluer, s’adaptant aux défis contemporains tout en renforçant le tissu social des communautés.
En somme, les trésors vivants ne sont pas seulement des héritages du passé, mais des fondations solides sur lesquelles bâtir un avenir culturellement riche et diversifié. Ils nous rappellent l’importance d’une approche inclusive, engageant la société civile dans la sauvegarde de ce qui fait notre humanité, notre histoire et nos racines.
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FAQ sur les Trésors Humains Vivants
Q: Que signifie le terme « Trésors humains vivants » ?
R: Les « Trésors humains vivants » désignent des personnes qui possèdent des savoir-faire d’un niveau exceptionnel permettant de recréer des aspects du patrimoine vivant et qui s’engagent à transmettre ces connaissances aux générations futures.
Q: Pourquoi le système des Trésors humains vivants a-t-il été développé ?
R: Le système a été créé pour préserver les compétences et techniques indispensables à la production de manifestations culturelles, reconnaître et récompenser les détenteurs de ces savoir-faire, et encourager leur transmission aux jeunes générations.
Q: Comment ce concept est-il lié à l’UNESCO ?
R: L’UNESCO a adopté en 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, inspirée par le système des Trésors humains vivants, initié notamment par le Japon et la République de Corée.
Q: Quel impact a l’inscription d’un élément sur la liste du patrimoine culturel immatériel ?
R: Cette inscription offre une reconnaissance internationale qui favorise la fierté des communautés et peut dynamiser le territoire en question, à travers le maintien d’initiatives culturelles et économiques autour de cet héritage.
Q: Quelles sont les étapes pour la mise en place d’un système des Trésors humains vivants au Burkina Faso ?
R: Il s’agit notamment de s’approprier le concept, de définir les catégories de compétences concernées, d’établir les critères de sélection, et de proposer des formes de soutien aux personnes sélectionnées.